"Oui Justine?" (combien de fois l'aurez-vous entendu cette année? - et merci Justine)
- qu'est-ce que le théâtre de l'absurde??
- Le théâtre de l'absurde, en peu de mots :
> s'est développé dans la deuxième partie du XXème
> contexte : modernité (aliénation, perte de dieu, mort du langage et par là de la pensée, ...) et 2nde guerre mondiale (le mal absolu). C'est un contexte intellectuel de désespoir et de doutes. Les valeurs de l'humanisme ont été écrasées par la guerre et par certains aspects du quotidien moderne. C'est à partir de là que le théâtre de l'absurde va naître.
> principes, tendances : le théâtre de l'absurde s'oppose au théâtre classique dans le sens où il en fait exploser les codes (on ne sépare plus les genres, on ne respecte plus les unités, la nécessité de la logique, de la narration). Souvent, les drames mis en scène nous semblent, a priori incompréhensibles ou étranges, impossibles ou "absurdes" (ex : dans Rhinocéros, les habitants de la ville se transforment les uns après les autres en rhinocéros. Dans "En attendant Godot", les personnages attendent toute la pièce un certain Godot qu'ils ne connaissent pas (il n'y a donc pas d'histoire) et qui ne vient jamais. Ils rencontrent un homme qui tient un autre homme au bout d'une corde, comme s'il était un cheval, il le maltraite, ils ne font rien. Dans "La Cantatrice Chauve", rien ne se passe, des invités viennent, les dialogues semblent sans fondement ou absurdes, tout comme les situations : l'horloge sonne je ne sais plus combien de coups, un couple marié et vivant ensemble ne se reconnaissent pas mais ont l'impression de s'être déjà vus).
> Parce que tous ces codes et traditions sont fondés (ou fondent un) sur un rapport logique au monde et à l'histoire, ces pièces semblent absurdes.
> Les enjeux : mais le théâtre de l'absurde n'en est pas absurde pour autant. Ce qu'il met en scène, c'est l'absurdité de la condition humaine et du monde qu'il traverse :
- attendre Godot, c'est (en anglais) attendre un dieu qui ne viendra pas (puisque l'on part du constat de sa mort) et c'est alors s'interroger sur la place de l'homme dans le monde, sa condition, le sens de sa vie (que faisons-nous à part attendre Godot ou la mort?)
- Godot met aussi en scène le Mal, la cruauté qu'ont connus les hommes durant la guerre (la torture, l'indifférence, une sorte de collaboration)
- Ionesco dans la "Cantatrice chauve" interroge le langage (et la mort du langage avec la modernité), mais aussi la force mortifère du quotidien qui fait oublier aux hommes qui ils sont, avec qui ils vivent. Il parle, à travers cela, de l'incommunicabilité et de la solitude propre à tout être humain.
- "Rhinocéros" met en scène la montée des mondes totalitaires : peu à peu, tout le monde accepte l'ignoble condition (le rhinocéros est la bête sauvage, brutale, de la force, de la destruction). Peu à peu, les valeurs humanistes sont niées (seules compte les valeurs du travail, de l'effort, de la force, de la conformité, de la douleur) et c'est un langage inhumain qui est adopté, la violence est acceptée, se répend et les rhinocéros refusent la différence et écrasent tout... Transformation sur scène qui correspond métaphoriquement à la transformation des hommes en bêtes.
- "La Leçon" de Ionesco va dans le même sens : à partir de l'histoire un peu absurde d'un professeur tuant avec un couteau imaginaire son élève (pour une sombre histoire de soustraction mal résolue) ce sont les mécanismes de la barbarie et des mondes totalitaires qui sont mis en scène.
Je vais évidemment vite et je simplifie à outrance, notamment en ne montrant pas les mécanismes et les nuances.
Il s'agit donc bien, à nouveau de faire un détour (invention, fiction, métamorphoses, métaphores, que de souvenirs, n'est-ce pas?) pour mieux connaître le monde qui nous entoure, pour comprendre les mécanismes qui dirigent en partie le monde, qui sont à l'origine de certains événements. Il s'agit de faire un détour pour parler aussi de la condition humaine, de sa souffrance, des doutes, etc.
Bref, une invention absurde pour dire la réalité (beau sujet de dissertation, non?).
mercredi 9 juin 2010
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